YAPAD'MAL #1 - De la peur de mourir

 

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 Version écrite

Je m'en rappelle comme si c'était hier, et en même temps, à la lumière de qui je suis aujourd'hui, ce souvenir me paraît tellement... délavé. Je me rappelle que ma tête tournait lorsque j'essayais de m'imaginer la mort (souvent aux toilettes, ne me demandez pas pourquoi). Je me l'imaginais comme le "rien", le "néant", "l'infini noir", bref un espace sans couleurs, simplement du vide. Et j'essayais d'imaginer ce que ça faisait de ne plus rien ressentir. Et donc ma tête tournait au bout d'un moment.

Je parlais de la mort très tôt aux adultes. Je leur demandais surtout s'ils en avaient peur. Ils me disaient que non, qu'ils avaient dépassé ça ou qu'ils ne s'était encore jamais posé la question. Et moi je trouvais ça étrange. Je ne les croyais pas. Quelque chose clochait. Si tout le monde mourait, tout le monde devrait avoir peur, non ? Mon père ne m'a pas beaucoup aidée sur la question, car je me souviens d'un jour où pour la énième fois j'abordais le sujet, et il m'avait dit : "Ho non, t'imagines si on doit se retaper une vie après celle-ci ? La tuile !" Ce que j'avais compris à l'époque, c'est qu'il n'aimait pas sa vie, ou la vie.

 

Ma mère, quant à elle, m'a dit un matin très tôt avant d'aller bosser, que quand elle pensait à la mort, elle dormait. Fin de l'histoire. J'avais passé une nuit blanche sur internet pour chercher encore et encore des réponses dans les forums ou les articles (c'était vers l'année 2004), et je l'avais alpaguée à 4h du matin pendant son café d'avant sa tournée médicale. Bon, autant dire que ça ne m'a pas servi plus que ça.

 

J'ai beaucoup écrit sur ma peur de mourir quand j'étais adolescente. Je me suis naturellement réfugiée dans les livres et les romans pour adolescents qui parlaient de magie, de dragons et de royaumes enchantés. Il y avait des personnages de mon âge, forts et sensibles, qui vivaient de grandes aventures magiques, et mes poils se hérissaient d'extase chaque fois qu'il y était question de pouvoirs hors normes. J'ai très vite accroché aux "W.I.T.C.H" (pour celles et ceux dont c'était l'époque), et je dessinais des femmes aux cheveux de dragon, qui manipulaient les éléments aux creux de leurs mains.

 

J'ai vécu jusqu'à mes 25 ans à peu près, avec cette terreur de la mort et du noir. Concrètement, je ne pouvais pas m'endormir la lumière éteinte. Il fallait que je m'assomme de contenus divertissants (d'abord c'était les livres et magazines, après ça a été les écrans), parce que je détestais ce moment de flottement entre l'endormissement et le sommeil à proprement parler. Je transpirais des mains, ma respiration était anormalement saccadée et rapide, mes pupilles dilatées, mes propos incohérents. Je me voyais morte sur des champs de bataille, ou bien des mains griffues sortir de sous mon lit et m'attraper les pieds. Si la lumière était éteinte et que je n'étais pas pervenu à m'endormir assez vite, il fallait que je la rallume. Problème : l'interrupteur était à l'autre bout de la pièce ! Beaucoup ont connu ça j'imagine. Ce moment où tu prends ton courage à deux mains (en fait c'est pas du courage, c'est juste que t'as pas le choix, clairement, sinon les ombres vont te manger), et tu sautes de ton lit en trombe, et tu pries pour que ta main trouve le bouton du premier coup. Tu tâtonnes, fébrile, terrifiée, et là... haaaaaa... oufff... la lumière, enfin. Et rebelote le lendemain soir.

 

Bref, vous voyez le truc.

 

En grandissant, les symptômes étaient toujours les mêmes mais j'arrivais à me raisonner un tant soit peu. Puis j'ai assez vite eu des petits copains avec qui dormir, donc je les réveillais pour parler et ça me calmait.

 

Jusque-là je subissais le phénomène, je subissais cette émotion terrifiante, je subissais les pensées des autres qui avaient formaté chez moi une espèce d'idée selon laquelle, si il y avait quelque chose après la mort, c'était nul. Ou il n'y avait rien. Oh, Dieu a bien essayé de me réconforter. J'étais curieuse de la religion monothéiste, vivant dans un endroit imprégné de colonialisme européen. Au quotidien, j'avais des ami(e)s qui étaient au catéchisme, avec qui je discutais de ces sujets, mais je ne me suis jamais vraiment dit : c'est la réponse. J'étais juste curieuse. Un jour cependant, alors que j'avais commencé à travailler en Métropole (j'ai véu en Guadeloupe jusqu'à 17 ans "3/4" comme j'aimais à la dire), je rencontre celle qui deviendra une très bonne amie, elle venait de Belgique. Avec elle, j'ai laissé libre cours à ce jeu qui s'appelle "Si Dieu existe, il m'enverra des signes". Et donc, forcément, j'ai eu plein de signes. Un soir après le boulot, je disais que j'avais envie de changer de voie, et pourquoi pas travailler dans un espace game. On emprunte une rue que l'on ne prend pas d'habitude, et littéralement du coin de rue, débouche un gars qui distribue des tracts. Un nouvel escape game venait d'ouvrir, et ils recrutaient. J'étais si surprise et heureuse que les phrases échangées avec lui ressemblaient à :

"bonjour ! Wouaw, mais c'est incroyable, je me disais que justement j'avais... non, parce que... woua ooofff... hahahahaha !!!"

Et lui : "Euh..."

Et moi : "Je peux vous laisser mon numéro ? J'aimerais travailler avec vous ? Il le faut, c'est un signe !!"

"D'accord".

Sur ça, j'ai planté le collègue que je raccompagnais chez lui ce soir-là, et je me précipite comme une furie chez cette amie, je monte les marches quatre à quatre en criant et en sautant de joie, je déboule comme une boule de feu dans son salon et là... !! Je lui dis, tout essouflée : "DIEU EXISTE !!!"

 

Oui, j'étais ce qu'on appelle une allumée.

 

Bon, le problème c'est qu'elle était en réunion professionnelle avec un monsieur, et qu'ils se rencontraient pour la première fois dans son salon. Oups, la boulette. Je n'ai jamais revu le gars aux tracts, et heureusement. Et je n'ai jamais bossé dans un escape game. Quoi que... !

 

Vous voulez une autre anecdote d'un signe que je prenais pour la preuve de l'existence de Dieu ? Celle-là est un peu plus difficile à ne pas croire, alors préparez-vous bien. C'était un dimanche, dans une... je ne me rappelle jamais du nom officiel. Ce n'est pas une église, vous voyez, c'est les lieux dans lesquels les gens chantent du gospel et un... prédicateur (je ne me souviens pas du nom non plus, mais c'est pas un prêtre), et c'était la première fois que j'y allais, pour voir. Et je m'étais dit en mon for intérieur : "Si tu existes, fais-moi un signe évident". Je vibrais le désespoir.

 

On arrive, on prend nos places, et il faut qu'on soit debout pour les chants qui ouvrent le cérémonial. Et après, c'est le temps des messages si il y a. Donc le principe, c'est un ou une fidèle qui parle soit une langue inconnue, soit qui dit des trucs à l'attention de quelqu'un dans la salle. Bon, en fait il se fait posséder par une énergie extérieure à lui, et ça permet à l'entité d'accroître son emprise par le fait que des personnes croient en celle-ci (en fait, lui laissent un espace plus grand pour s'exprimer dans son espace). Donc, évidemment, ce message-là, c'est pour moi. Je m'effondre en larmes, je pense avoir trouvé ENFIN ma réponse. Je ressens même une MAIN chaleureuse se poser sur mon épaule toute courbée. Et ça fait un truc du genre : "Pose ton fardeau à mes pieds", et moi je ressens une légéreté à ce moment. Bon, maintenant, je sais, mais avant je ne savais pas ! Aussi, le prédicateur commence son... sermon ? Je ne sais plus comment ça s'appelle, je vous dis. Et là il dit une phrase qui va me rester en mémoire longtemps. Il dit... C'est dur de croire, parce que là vous allez retrouver votre quotidien et il vous faudra faire un effort constant pour ne pas perdre la foi. Et ça, ça m'a pas plu. Moi je suis partisane du moindre effort, surtout si c'est un truc qui est censé être magique et naturel. Donc ça, je suis désolée, mais je ne suis pas. J'ai acquiescé sur le moment, mais à peine le pied sorti de ce bâtiment (TEMPLE ! ça y est, c'est ça le mot : "temple"), j'ai oublié la promesse mentale et j'ai lâché le truc. Trop dur de garder la foi. C'est pas censé être un truc évident que tu as en toi ?

 

Et puis, plusieurs années après, vient le confinement. C'était une énorme ouverture pour moi, parce que ça m'a mise à contribution pour trouver en moi mes véritables envies et besoins. En effet, à chaque fois que j'entendais des informations sur la situation, au niveau politique, géographique, sanitaire etc... ça ne m'enjoignait qu'à me dire : "bon, ben je vais faire les choses moi-même, pour moi-même", parce que soyons clairs : j'en avais rien à faire. De ce que les politiques disaient. De ce que les "médecins plateaux" disaient. De ce que les partis opposés disaient. Pourtant à l'époque j'étais politisée, j'ai même été activiste, j'étais également vegan et écolo. Mais par sens de la culpabilité, pas par envie véritable (j'y reviendrai lors d'un épisode prochain). J'ai jeté mon écran par la fenêtre de mon espace, là où il n'avait plus d'emprise sur mes émotions. J'ai juste arrêté de le regarder. Et j'ai commencé à me vivre. J'ai des amis qui étaient effondristes qui pensait que ça y est, c'était la fin de ce monde. J'avoue je voulais y croire. Puis après je me suis dit : "ben non, je n'ai pas envie que ça se termine, je n'ai pas eu l'occasion de m'exprimer dans ce jeu-là, je veux me donner cette opportunité." ça m'a pris quelques années (4 ans du coup), mais j'y parviens.

Qu'est-ce que ça a à voir avec ma peur de mourir déjà ?

Ha oui !

Toutes les informations précédentes ne servent que ce message suivant : maintenant je suis heureuse de vivre. C'est important de le dire, parce que si j'avais eu aussi peur de la mort avant, c'est que je n'appréciais pas l'expérience dans son ensemble, dans ce qu'elle comporte d'essentiel : la mort, c'est la vie et vice versa. ça dépend juste du point de vue duquel on regarde.

 

Et ça, c'est les informations vues pendant ma formation en HRE (hypnose régressive ésotérique méthode Calogero Grifasi) qui m'ont apportées la dernière pièce de mon puzzle, pour enfin jouer à mon propre jeu. Ou plutôt, c'est grâce à ma volonté de trouver une solution pour me vivre moi et pas ce que les autres veulent faire de moi, qui m'a fait rencontrer l'HRE. Rendons à Hélène ce qui est à Hélène.

Dieu n'existe qu'à la hauteur des pouvoirs qu'on lui concède.

Et je suis plus puissante que Dieu. Car je suis dans mon espace. Et dans mon espace, je suis seule à décider de ce que je vis, et comment je le vis. Si ça, c'est pas un pouvoir magique...

 

Hélène